Je l’ai déjà mentionné, je suis informaticien, je dirais même par passion, à l’origine du moins. Ceci me donne la possibilité de pouvoir recouper un certain nombre de phénomènes qui font réfléchir.
Dans son numéro de juin S&V nous présente une analyse des risques liés à la complexité de nos réseaux (énergie, eau, gaz, petrole, télécommunication, logistique …), à leur haut niveau d’interdépendance et à la fragilité causée par nos processus en flux tendus.
A ce constat, que je partage, je souhaiterais ajouter deux constats qui ne sont pas plus rassurants :
- les réseaux d’énergies dépendent des réseaux de télécommunications qui eux-même ont besoin d’énergie, cela semble déjà très inquiétant. Ces dépendances sont réelles, avec plusieurs cas démontrés. Le point qui amplifie mon inquiétude est que nous sommes, pour les mêmes raisons de complexité, sur le point de ne plus savoir comment tester la réaction des logiciels qui prennent petit à petit plus d’importance dans ces réseaux.
- mon deuxième sujet d’inquiétude est lié à l’absence d’analyse des risques lorsque nous choisissons de confier certaines missions à des moyens dépendants de ces réseaux. Quel est l’intérêt d’évacuer nos eaux usées avec des pompes électriques quand la gravité fait cela si bien pour nous ? ou plutôt, quels risques prenons nous en se mettant dans cette situation ? Idem avec des pièces sans fenêtre ? Il y a de trop nombreux domaines où ces dépendances sont bien réelles mais ne sont pas nécessaires. A ce titre, l’évacuation de Montréal envisagée en 1998 suite à une panne d’électricité fait frémir !
Il est clair que la catastrophe de Fukushima constitue la cerise sur le gâteau : une centrale électrique manquant d’électricité pour se refroidir ! Pour les friands de sensations, relire le compte-rendu de l’incident de la centrale du Blayais, France, brrrrrr : nous n’en sommes pas loin !
Extrait dudit rapport :
Une première analyse succincte du risque d’inondation externe des sites où sont implantés
des réacteurs à eau sous pression, fait ressortir les éléments présentés ci-après.
Selon la règle fondamentale de sûreté (RFS I.2. e) applicable à la protection des sites des
centrales nucléaires à l’égard des risques d’inondation d’origine externe, cette protection est assurée
notamment par :
-1. le calage de la plate-forme supportant les bâtiments abritant les matériels importants
pour la sûreté à un niveau au moins égal au niveau des plus hautes eaux, avec une marge de sécurité
(le niveau correspondant est appelé cote majorée de sécurité -CMS) ;
-2. l’obturation des voies possibles d’accès de l’eau dans les locaux abritant les matériels
participant au maintien de l’installation dans un état sûr, situées au-dessous du niveau du calage de la
plate-forme.
[…]
– les sites de FESSENHEIM et de TRICASTIN sont implantés à proximité d’un canal
dont la ligne d’eau est supérieure à la cote de leur plate-forme. Pour ces sites également, il
conviendra de réexaminer les dispositions particulières mises en oeuvre.
Suite a fukushima, on commence à s’inquieter à Fessenheim
http://www.lemoniteur.fr/137-energie/article/actualite/846572-seisme-inondation-la-pression-monte-a-fessenheim
il est temps …. Ca n’est pas comme si on le savait depuis le 17 Janvier 2000, date du rapport ci dessus….
Encore plus confondant, il est expliqué dans ce même rapport que la DRIRE avait demandé en novembre 1999 pourquoi les digues du Blayais n’avaient pas encore été surelevées comme préconisé en 1998 ……