Mon post sur la HDA est un message humoristique qui cible les arbres mais aussi et surtout les terres agricoles.
Les arbres semblent être considérés comme des matériaux dont on se débarrasse quand il vous plait. J’ai vu encore disparaître plusieurs centenaires cette année 2015, ce qui n’est pas acceptable alors qu’ils pouvaient être intégrés dans les projets visés.
Le coup de gueule sur les arbres passé, je reviens sur le sujet de la terre agricole qui est encore plus alarmant.
Dans le contexte alsacien actuel, de nombreux projets locaux ou régionaux prévoient l’annexion de terres agricoles et leur transformation en routes, chemins, abords de routes, fossés de captage d’eaux pluviales, etc
Même si les projets sont quelquefois (très rarement) justifiés je suis éffaré par la surface prise sur la terre cultivée pour ces nouveaux usages.
Citons notamment : l’aménagement « multimodal » de l’entrée RN4 / A351, les nombreuses pistes cyclables en chantier, les épidémies de rond-points sur la RN4, etc
Un peu de mathématiques de base :
– la population française croît de 0,4 % par an (3)
– sa consommation de nourriture croît donc au même rythme (en fait elle croit plus vite) : 0,4%
– les terres agricoles diminuent de 0,3 % par an (4)
– la productivité moyenne des principales céréales (par hectare) stagne depuis 1990 (2) donc ne compense plus la baisse des surfaces
Il n’est pas besoin de beaucoup de calculs pour en déduire que le pays perd (calcul simpliste bien sûr) 0,7% d’autonomie alimentaire chaque année pour ces produits, ce qui revient à 5% en 8 ans !
Ceci sans parler de la qualité de ces terres, qui sont parmi les plus fertiles, ni de l’étanchéification des sols et de la diminution des surfaces génératrices de vapeur d’eau et d’oxygène etc..
Vous me direz que ces productions agricoles seront achetées ailleurs ? Malheureusement, c’est le calcul que font tous les pays de la planète, ce qui nous amène d’une part à faire circuler d’un bout à l’autre de la terre des produits que l’on pourrait cultiver sur place et d’autre part à envisager un jour ou l’autre une pénurie mondiale que tous les camions du monde ne pourront résoudre, même avec de l’argent. Pour citer Sitting Bull :« Lorsque la dernière goutte d’eau sera polluée, le dernier animal chassé et le dernier arbre coupé, l’homme blanc comprendra que l’argent ne se mange pas. »
Pour mémoire, les économistes renommés qui ont analysé la situation depuis le 20 ème siècle sont arrivés à la conclusion suivante, répétée par Serge Latouche dans ses conférences : les idées doivent voyager beaucoup, les personnes et les capitaux peu, les marchandises pas du tout.
Consommons donc local et frugal et arrêtons de transformer la terre en routes et en zones industrielles ou commerciales. Refusons que les emprises soient « calculés » par des logiciels aussi coûteux que stupides avec des standards de dimensionnement gloutons. A cet égard un petit coup d’œil de l’autre côté de la frontière pourrait nous inspirer salutairement.
Je propose également que les changements d’affectation des sols soient suivis par des comités locaux et régionaux de façon à mettre en face de chaque disparition de terre agricole une compensation (retourner d’autres terres à la culture par exemple) sans quoi le projet ne pourrait pas se faire.
Photo : cette partie de champ était une route il y a 20 ans. Restituée alors à la culture, elle n’a toujours pas retouvé une production normale : cette artificialisation des sols est irréversible (à l’échelle humaine)